Jean DUNGLAS nous a quittés (1933 – 2023)

Jean DUNGLAS nous a quittés (1933 – 2023)

L’AFPCNT a appris, avec tristesse, le décès de Jean DUNGLAS, Ingénieur Général Honoraire du Génie Rural des Eaux et des Forêts, décès survenu le 19 janvier 2023 dans sa quatre-vingt-dixième année.

Jean Dunglas est entré à l’Institut national agronomique en 1954 et est sorti diplômé de l’École nationale du génie rural en 1958. Jean Dunglas était également ingénieur de l’Institut supérieur des matériaux et de la construction mécanique et docteur-ingénieur de l’Université de Paris (faculté des sciences).

Jean Dunglas a débuté sa carrière comme chef du laboratoire puis chef de la section de mécanique des sols du CEMAGREF à Antony (le centre a en fait changé de dénomination à plusieurs reprises). Il est ensuite chef de la division Mécanique des sols et génie civil dans le même centre jusqu’en 1976. 

Il a ensuite été directeur de la formation continue à l’ENGREF (1977-1981) et en parallèle directeur général du Centre de formation international pour la gestion des ressources en eau à Sophia-Antipolis (1979-1981).

Jean Dunglas est ensuite directeur scientifique du CEMAGREF (1981-1987), puis directeur scientifique délégué à l’évaluation et aux instances scientifiques du CEMAGREF (1987-1989).

Jean Dunglas rejoint le Conseil général du génie rural, des eaux et des forêts en 1989 et il devient président de la 5e section (Hydraulique et milieux aquatiques) en 1997 avant de prendre sa retraite fin 1998.

Jean Dunglas était également professeur de mécanique des milieux continus à l’ENGREF et professeur d’ouvrages d’art à l’ENGEES, faisant preuve de qualités pédagogiques exceptionnelles.

Parmi ses très nombreuses publications, il faut citer :

  • Contribution à l’étude de l’influence des vibrations sur le comportement mécanique d’un matériau granuleux, thèse de doctorat, 1964
  • Nouvelle conception des drains dans les barrages en terre homogène de petites et moyennes dimensions, La Houille Blanche 1973 (co-auteur avec le rédacteur de cette notice)
  • Techniques de barrages en aménagement rural, ouvrage collectif de référence dont il a rédigé plusieurs chapitres, 1978
  • Rapport Général Innovations – Progrès scientifiques et technologiques Colloque SHF « L’avenir de l’eau – Quelques réponses des sciences hydrotechniques à une inquiétude générale » 1992
  • Coordination de l’activité des services administratifs dans la lutte contre les inondations sur les bassins de l’Aisne et de l’Oise Rapport au Premier Ministre 1995 
  • Typologie des aléas et connaissance scientifique de la vulnérabilité Le point de vue de l’ingénieur, Annales des Mines 2005
  • Des évènements naturels extrêmes aux figures de la catastrophe Paul-Henri Bourrelier et Jean Dunglas Responsabilité et Environnement Octobre 2009

Membre émérite de l’Académie d’Agriculture de France (Section Environnement et territoires) dont il a été le Président de 2009 à 2011, Jean Dunglas était une grande figure des sciences de l’eau.

Jean Dunglas est resté actif dans le domaine de l’hydraulique et des risques liés à l’eau pendant plus de 6 décennies. Mis à disposition (décembre 1959 – juin 1960) de la commission d’enquête administrative constituée à la suite de la rupture du barrage de Malpasset (2 décembre 1959) alors qu’il était jeune ingénieur, il avait côtoyé de grands experts de l’époque et en avait gardé un souvenir ému. Jean Dunglas a été rapporteur au comité technique permanent des barrages dès 1968 et il en est devenu membre de 1997 à 2010.

De sa communication de 2009 co-signée par Paul-Henri Bourrelier, j’aimeras reprendre des extraits tout à fait intéressants et toujours, à mon avis, d’actualité. S’agissant des aléas climatiques extrêmes qui prendraient une forme inédite du fait du changement climatique, les auteurs proposent de distinguer trois catégories de phénomènes de nature différente :

  • Les valeurs extrêmes des paramètres climatiques. La canicule de 2003 à Paris, qui a été classée comme évènement extrême, deviendrait courante en 2100, tandis que serait considéré comme évènement extrême le genre de canicule qui menace aujourd’hui des villes (françaises) plus méridionales.
  • Les « risques naturels » classiques, tels que les tempêtes et les cyclones, les pluies intenses et les crues, la submersion des rivages et l’érosion marine, les avalanches, certains mouvements de terrain, …
  • De grandes ruptures, dont on soupçonne que la menace s’accroîtra si l’accumulation dans l’atmosphère de gaz à effet de serre se poursuit. La possibilité d’un emballement de l’effet de serre, en raison de la libération de grandes quantités de méthane retenues actuellement dans les zones du permafrost, ou encore de modifications importantes des grands courants océaniques, par suite de l’irruption de masses d’eau douce produite par la fusion accélérée de la couverture glaciaire du Groenland, sont ainsi souvent évoquées.

Tous ceux et celles qui l’ont côtoyé ont pu apprécier sa courtoisie, sa haute expertise technique, sa capacité d’écoute, mais aussi ses messages d’alerte et sa pédagogie sur des sujets d’actualité qui nous préoccupent tous aujourd’hui : effet de serre (Jean Dunglas représentait la France à l’IPCC workshop Climate change agriculture and forestry à Camberra en 1992), gestion des ressources en eau, catastrophes naturelles, sécurité, énergies renouvelables, télédétection… De nombreuses associations ont mobilisé son expertise, outre l’AFPCN, notamment le Comité Français des Barrages et des Réservoirs et la Société Hydrotechnique de France.

Jean Dunglas était Officier des Palmes académiques, Commandeur du Mérite agricole et Chevalier de la Légion d’Honneur.

Un maître, un ami nous a quittés.

Loudière Daniel le 27 janvier 2023