Association Française pour la Prévention des Catastrophes Naturelles et Technologiques

Cycle « Sciences et Décisions » Séminaire N°1 : Prévention, risques, sécurité… Conséquences et évolutions ?

Retour sur le séminaire organisé par l’AFPCNT le 23 mai 2023 à l’université de Paris Dauphine

L’Association Française pour la Prévention des Catastrophes Naturelles et Technologiques (AFPCNT), par des séminaires de ce type et le cycle initié, vise à enrichir le débat public et à construire un lien entre tous les acteurs et à promouvoir la recherche avec et pour la société.

La séparation entre recherche, l’expertise et la décision a récemment fait l’objet d’une mise en lumière du fait de débat autour du projet de loi sur la relance du nucléaire et du projet initiale de fusion de l’ASN et l’IRSN. L’enjeu du sujet sur le projet de loi nucléaire met en exergue plusieurs points primordiaux : la nécessité de maintenir les compétences, la séparation des rôles entre l’exécutif du contrôle et l’expertise et les rôles de décision et de pilotage stratégique, et le troisième principe est d’avoir des garanties sur l’information, et le dialogue technique avec la société. Ces trois points sont essentiels pour garantir une confiance sociale, qui sera nécessaire pour une réduction des risques. Cette confiance sociale mène le citoyen à s’informer, mais aussi à exercer ses responsabilités des citoyens et adopter les bons comportements.

Un certain nombre d’évènement, récents ou anciens ont questionné les rapports entre expertise et décision. Ces moments dans l’histoire peuvent être retracés par exemple dans l’histoire très proche avec la crise COVID qui a permis de redébattre du rôle de scientifique, du chercheur et du politique. Ces évènements viennent interroger les frontières entre le rôle du public et du privé et ce qui est de l’ordre de la déontologie et de l’éthique à l’expertise et de ce qui d’ordre de la décision et de l’aide à la décision, c’est-à-dire les sciences mises à disposition de la décision. Ce cycle de séminaire ne vise pas à répondre à toutes ces questions, mais à démarrer par un certain nombre de pratiques dans le domaine des risques. Ont ainsi été invités à ce séminaire des membres d’instituts public, de services centraux, d’autorité environnementale à venir partager leurs pratiques en la matière, et venir narrer les moments où il y a eu des bifurcations sur leur organisation de l’expertise de la recherche et du monde de la décision.

Les replays de l’accueil 
Myriam Merad, Directeur de Recherche CNRS à l’Université Dauphine, membre de l’AFPCNT

Anne Marie Levraut, Vice-présidente de l’AFPCNT

Ghislaine Verrhiest-Leblanc, Directrice Générale de l’AFPCNT

Présentation et replays des intervenants de ce premier séminaire 
Bruno Cinotti, IGEDD : Bruno Cinotti, inspecteur général à l’IGEDD (Inspection générale de l’environnement et du développement durable) nous propose un développement autour de plusieurs thématiques à commencer par la recherche d’équilibre entre l’expertise et l’expertise du pouvoir dans l’activité gouvernementale. Dans une société ou la surinformation fait défaut à une expertise claire, la demande de transparence peut se transformer en situation dans laquelle les informations pertinentes deviennent occultées dans un flux considérable d’informations non pertinentes, inexactes voir mensongères. Ainsi, face à cette dépréciation de l’information dans notre société, la montée du complotisme et cette constante demande sociale de certitude, comment réguler cette surcharge informationnelle et la structurer ?
Didier Richard, INRAE : Didier Richard, délégué à l’expertise et chercheur à l’INRAE (Institut National de la Recherche Agronomique) nous propose un retour sur l’appui aux politiques publiques de l’INRAE dans sa stratégie, son organisation et ses activités au-delà de l’expertise. Il nous proposera également un focus sur les missions de l’INRAE face aux catastrophes naturelles, à savoir la prévision des inondation, l’expertise face à l’installation d’ouvrages hydrauliques, les dispositifs d’observation des avalanches etc…
Michael Tichauer, IRSN : Responsable du pôle santé et l’environnement en innovation et expertise au sein de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de sûreté Nucléaire), Michael Tichauer nous expose sa vision de la fabrique de l’expertise au sein de l’IRSN et plus précisément l’adaptation et les transformations liées à l’ouverture du processus d’expertise en radio protection, c’est-à-dire l’évolution de ce processus sur les 20/25 dernières années et l’ouverture de ce processus à la société civile. Ainsi, on nous explique que l’on passe de la transparence du processus à une quasi-co-construction de l’expertise. Michael Tichauer va donc tenter de nous expliquer ce qu’est cette expertise en radio protection, qui se traduit comme il nous l’explique par l’évaluation des dispositions prises au regard des risques identifiés, et ainsi porter un avis sur la capacité d’une installation industrielle à fournir un service en évitant un accident.
Benjamin Einhorn, PARN : Benjamin Einhorn, géographe-géomorphologue de formation, directeur du PARN (Pôle Alpin des Risques Naturels), travaille à l’interface entre divers partenaires scientifiques, techniques et institutionnels dans les domaines de la gouvernance des risques et de l’adaptation au changement climatique dans les territoires de montagne du massif alpin français. Il nous propose durant le séminaire un retour sur des exemples forts de catastrophes naturelles survenus, ou ayant été évitées dans un contexte d’expertise et de décision. Le contexte alpin fait face à de nombreux facteurs jouant un rôle important sur la vie du système alpin à l’image d’éléments naturels (eau, neige, glace, permafrost, forêt etc…) mais aussi par des éléments anthropiques (urbanisation et tourisme) faisant apparaitre de nombreuses incertitudes sur l’évolution des différentes composantes des risques. Le PARN est à l’interface entre l’expertise tel que des universitaires et l’opérationnel à l’image d’acteurs opérationnels de prévention et gestion des risques tel que la DGPR (Direction Générale de la Prévention des Risques). En montagne, le lien entre science, expertise et décision est primordial en raison des contraintes liées à la topographie, au climat, au contexte multirisque car les petites communes rurales n’ont pas les techniques et ressources humaines pour se mettre en bataille et transposer les approches (par exemple sur les risques inondations sur la commune qui sont demandeurs de nombreux moyens).
Moez Sanaa, OMS : Moez Sanaa est un vétérinaire de profession et Chef de l’Unité Normes et avis scientifiques sur l’alimentation et la nutrition de l’OMS (Organisme Mondiale de la santé) c’est tourné depuis plus de 25 ans vers le domaine des risques, l’évaluation des risques dans le domaine de l’alimentation et la nutrition. Son développement va porter sur les questions de la transition du système alimentaire étant la cause d’un certain nombre de problème environnementaux, mais aussi des victimes de ce changement climatique. Les tendances actuelles en matière de production et de consommation alimentaires entraînent l’effondrement des écosystèmes dont dépend l’humanité. Mais il est possible de passer à un système alimentaire plus durable, et cela nécessite des actions fondées sur des preuves et un engagement politique.
Karim Ben Slimane, BRGM : Karim Ben Slimane, directeur des risques et de la prévention du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières)vnous expose la notion de science et décision à travers les problématiques minières, et plus précisément, la prévention des risques minier. En France, le dispositif en vigueur met l’expert d’un côté et le gestionnaire opérationnel de l’autre. Même si ce sont des personnes qui viennent des mêmes entités, on essaye de maintenir une indépendance entre les uns et les autres. Karim Ben Slimane nous éclaire sur certaines interrogations : comment fonctionne le dispositif public de l’après mine en France ? Comment sont divisées les tâches au sein de cette entité, entre les experts, les scientifiques et l’Etat ? Vidéo à venir
Jean-Gabriel Ganascia, Sorbonne Université : Jean-Gabriel Ganascia est un professeur d’informatique à la Sorbonne Université, spécialiste de l’Intelligence Artificielle et aillant travaillé sur les questions d’éthique du numérique et d’intelligence artificielle qui l’a conduit à être membre du comité d’éthique du CNRS. Jean-Gabriel nous expose les défis de la transparence, de l’asymétrie et de l’horizontalité de l’information à travers un retour historique sur l’information et la désinformation, à toutes époques, mais aussi par la mise en avant de la maximisation des informations, de l’image, de l’IA. Il illustre son analyse avec l’étude de cas de la crise du covid qui a particulièrement déstabilisé la véracité de l’information, à travers différentes problématiques tel que le profilage des utilisateurs des réseaux sociaux et le ciblage des personnes sensibles et vulnérables en vue de désinformer.

Pour mémoire, le programme à télécharger :