Gestion des catastrophes : de multiples acteurs impliqués

En France comme en Europe, la gestion des catastrophes constitue une responsabilité partagée entre plusieurs acteurs, notamment en termes de prévention, d’analyse des événements – sans oublier la gestion en temps réel de ces derniers. Il faut dire qu’en parallèle, leurs conséquences touchent plusieurs catégories de public. Décryptage.

Au sommaire

Les professionnels de la réduction des risques de catastrophes

Les métiers de la réduction des risques de catastrophes (RRC) ont pour objectif de réduire la vulnérabilité des populations et des infrastructures, et de renforcer les capacités de celles-ci à anticiper un nouvel événement majeur, mieux résister et se relever plus rapidement. Elle permet ainsi d’adopter une approche globale pour encourager les mesures de réduction des risques. Elle repose, enfin, sur différents professionnels :

– Les conseillers scientifiques, qui fournissent aux décideurs des conseils, une expertise et une surveillance scientifiques et techniques dans le domaine des catastrophes naturelles ;
– Les professionnels du management global des risques, comme les gestionnaires de crise ou les responsables du plan de continuité. Ils interviennent dans les administrations ou les entreprises ;
– Les bureaux d’études, qui travaillent notamment à la conception des équipements, bâtiments et services en se basant sur l’état des connaissances sur les conséquences des catastrophes naturelles, pour qu’ils puissent mieux y résister et limiter les impacts pour les occupants.
– Les assureurs, qui disposent et enrichissent un historique des événements sur une zone ;
– Les scientifiques, qui vont collecter une masse d’informations et produire des études…


Selon les données du ministère de la Transition écologique, deux communes françaises sur trois sont exposées au minimum à un risque naturel. Une personne sur quatre et un emploi sur trois sont exposés aux inondations – un événement qui constitue le principal risque en termes de communes concernées et de coût économique.

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Collectivités territoriales : un rôle central pour le maire

La gestion des catastrophes naturelles relève souvent de la puissance publique. Et plus particulièrement du maire, qui doit veiller à la sécurité de ses administrés. Ainsi, il doit tout d’abord maîtriser l’urbanisme de sa commune. Il doit ainsi élaborer et mettre à jour la carte communale, le SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoriales), le SDRIF (schéma directeur d’Ile-de-France, si sa ville se trouve dans cette région), le SCoT (schéma de cohérence territoriale) et le PLU (Plan local d’urbanisme) ou PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal).

En plus de cette indispensable maîtrise de l’urbanisme, permettant d’éviter que des constructions, par exemple, ne finissent par se trouver en zone inondable, le maire doit rédiger et enrichir les plans de prévention. Ainsi, il doit optimiser le niveau d’information de ses administrés avec des plans de prévention des risques naturels (PPRN), des risques miniers grâce aux PPRM (plans de prévention des risques miniers), et des risques technologiques et naturels via le PPRT (plans de prévention des risques technologiques) – si sa commune est concernée par un ou plusieurs sites industriels classés SEVESO « seuil haut ».

Il peut aussi, s’il estime que c’est nécessaire, prescrire ou exécuter des travaux de protection en lançant une procédure de déclaration d’intérêt général (DIG) ou d’urgence. Le financement de ces opérations est alors de la responsabilité de la commune, même si elle peut faire participer les personnes (physiques ou morales) qui ont rendu les travaux nécessaires ou qui vont en bénéficier.
Enfin, lors de la survenue d’une catastrophe naturelle ou technologique, c’est bien le maire qui a la responsabilité d’alerter d’informer et d’évacuer la population. En plus de veiller au fonctionnement du système FR-Alert et des alertes sonores, il doit mettre en place dans sa commune un système d’astreinte, permettant, le cas échéant, des appels en masse ou la circulation de véhicules équipés de hauts parleurs. Les éléments constitutifs de ce système doivent, enfin, être consignés au sein du plan communal de sauvegarde (PCS), consultable à tout moment en mairie par les administrés.


BON À SAVOIR

L’article L.101-2 du Code de l’urbanisme impose aux maires de prendre en compte les risques auxquels leurs communes sont soumises au cœur de leurs documents d’urbanisme.

Cet article indique en effet que l’action des collectivités publiques en matière d’urbanisme vise à atteindre les objectifs suivants : (…) la prévention des risques naturels prévisibles, des risques miniers, des risques technologiques, des pollutions et des nuisances de toute nature (…).


Des habitants dont il faut parfaire la culture du risque…

Les citoyens jouent aussi un rôle important en matière de prévention des risques. Ils devraient ainsi, dans un monde idéal, adopter des comportements qui limite leur exposition aux aléas, voire réaliser des aménagements de protection sur leurs terrains. Sauf que… pour cela, il faudrait qu’ils aient un peu plus conscience des risques auxquels ils font face.

En effet, selon une étude réalisée par l’IFOP pour l’AFPNCT (dans le cadre du projet associatif sKarabée), près d’un habitant de France métropolitaine sur deux (45 %) déclare que son logement n’est exposé à « aucun risque naturel ou technologique » – ils ne sont que 25 % dans ce cas du côté des ultramarins. Or, la moitié des communes font au moins face à un risque, en l’occurrence, celui des inondations…

Par ailleurs, 23 % des métropolitains indique ne pas savoir si son logement est exposé à un risque naturel ou technologique (13% chez les ultramarins). C’est un comble car chaque propriétaire ou locataire, doit se voir remettre un document d’information sur les risques auxquels il peut être confronté, et ce dès la remise des clés !


Pour 54% des Français qui vivent en métropole, le principal risque auquel les logements sont exposés sont les risques climatiques et météorologiques (canicule, froid, neige, sécheresse, grêle…), devant les tremblements de terre (31%) et les mouvements de terrain (28%).

54%

… en multipliant les temps de sensibilisation

Pour lutter contre ce manque de culture du risque, les pouvoirs publics doivent mener des opérations de sensibilisation, en direction des enfants comme des adultes, locaux comme touristes, aussi concernés par les aléas climatiques et les accidents industriels. Il s’agit notamment d’expliquer à ces derniers qu’ils disposent de nombreuses sources pour connaître les risques auxquels ils s’exposent sur un territoire.
Les pouvoirs publics peuvent aussi organiser des expositions, des conférences, marquer la mémoire des événements précédents… Pour cela, ils ont la possibilité de faire appel à des associations, comme l’AFPCNT (Association française de prévention des catastrophes naturelles et technologiques). Celle-ci doit assurer quatre missions principales :
– L’animation et la gestion d’un réseau d’acteurs, qui peut contribuer au secrétariat du COPRNM (Conseil d’orientation pour la prévention des risques naturels), en demandant à la DGPR-DRM (Direction générale de la prévention des risques – Direction des risques majeurs) d’inscrire certains points à son ordre du jour ;
– L’animation scientifique et technique, à travers une veille, une collaboration et des synergies, la création de groupes de travail, la valorisation de la recherche, afin d’améliorer les connaissances sur les risques majeurs ;
– L’animation territoriale et intersectorielle, afin de faire connaître les risques sur les territoires, en tenant compte des spécificités locales ;
– L’action internationale et européenne, pour appuyer la coopération internationale et notamment européenne, à travers des rencontres, des débats et des publications.

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