Le risque NaTech, à la croisée
Si l’on considère qu’il existe deux risques principaux, à savoir les risques naturels d’une part et les risques technologiques d’autre part, il existe un troisième type de danger, « à la croisée des deux catégories » : le risque NaTech. Celui-ci nécessite en effet d’étudier en même temps les risques naturels (séisme, inondation, foudre, feu de forêt, vent, neige et verglas, température extrême, avalanche, mouvement de terrain…) et les risques technologiques associés aux activités industrielles. Avec un objectif : prévenir le déclenchement des seconds en conséquence des premiers.
Le terme NaTech est en effet la contraction de « NAturel » et de « TECHnologique ». Il désigne l’impact qu’une catastrophe naturelle peut engendrer sur tout ou partie d’une installation industrielle. Au-delà du phénomène naturel et de ses propres conséquences, le risque NaTech devient ainsi susceptible de provoquer un accident aux conséquences importantes sur les personnes, les biens ou l’environnement.
Des précédents très marquants
S’ils restent rares, les accidents industriels causés par une catastrophe naturel n’en sont pas moins très marquants. Ils apportent ainsi bien souvent la preuve de la vulnérabilité de certaines installations, partout dans le monde. Et deviennent, à ce titre, un enjeu de premier ordre en matière de sécurité industrielle comme d’aménagement des territoires. Certains exemples de NaTech sont à ce titre extrêmement parlants :
– La catastrophe de Fukushima, en 2011 au Japon, survenue en raison d’un tsunami déferlant sur les côtes après un séisme de magnitude 9 dont l’épicentre se trouvait à 300 km au large ;
– L’accident de l’usine Arkema près de Houston (États-Unis) en 2017, dans une zone inondée après des pluies diluviennes.
Selon la base de données ARIA, les accidents NaTech ne représentent que 2% des accidents industriels. Ils ont cependant tendance à augmenter ces dernières années en raison de phénomènes naturels plus fréquents avec le changement climatique et font, à ce titre, l’objet d’une attention croissante.
La gestion du rique NaTech
En France, la gestion du risque de contamination d’une catastrophe naturelle sur un ou plusieurs sites industriel repose avant tout sur la réglementation appliquée aux ICPE (Installations classées protection de l’environnement) et aux activités industrielles susceptibles de provoquer atteinte à la sécurité et à la santé des riverains. Celle-ci présente un double objectif : la prévention et la réduction des risques à la source d’une part, et l’intervention en cas d’accident.
Ainsi, trois axes ont été retenus par le législateur pour prévenir les accidents NaTech :
– La caractérisation de l’événement naturel de référence (chaleur intense, froid intense, foudre, précipitations/inondations, vents extrêmes…) sur le site industriel ;
– L’identification et l’évaluation des séquences accidentelles, c’est-à-dire l’étude de la façon dont l’événement climatique va impacter le site industriel et entraîner des conséquences majeures sur les biens et les personnes ;
– La création d’une stratégie technique et organisationnelle capable de répondre aux conséquences évoquées ci-dessus.
Deux démarches coexistent
En application de ces axes de prévention, deux démarches peuvent être mises en œuvre par les gestionnaires de sites à risque, nommées « type A » et « type B ». La démarche de type A consiste, ainsi, à définir un aléa naturel de référence afin de concevoir des stratégies techniques et organisationnelles adaptées spécifiquement à celui-ci. Si elles doivent aussi répondre à d’autres contraintes liées à d’autres types d’événements, elles répondent aux mêmes impératifs que le dimensionnement d’un ouvrage de génie civil : celui-ci est alors conçu pour résister à des contraintes données, jusqu’à un certain niveau que l’on estime suffisant.
La démarche de type B, pour sa part, va définir un niveau d’acceptabilité du risque pour l’installation industrielle, en fonction de sa probabilité d’occurrence et de la gravité de ses conséquences. Il va dès lors s’agir de mettre en place des barrières de sécurité qui permettraient de ne pas dépasser ce niveau – c’est, du reste, ce qui est mis en place dans les études de dangers des établissements classés Seveso.
La préparation aux dangers climatiques est intégrée à la loi encadrant les Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE)
Et parmi les 500 000 exploitations industrielles ou agricoles, concernées, environ 5% sont soumises à autorisation, à condition d’avoir effectué une étude de dangers « qui précise les risques auxquels l’installation peut exposer directement ou indirectement les intérêts […] en cas d’accident, que la cause soit interne ou externe à l’installation », selon les termes du Code de l’environnement. Ces installations doivent ainsi apporter la preuve de la mise en œuvre de mesures de réduction des risques Natech, et qu’elles ont prévu, en cas de besoin, un dispositif d’intervention approprié.